Corps européen de solidarité : l’UE veut institutionnaliser le tourisme humanitaire des jeunes

Dominique Bilde

Communiqué

27 octobre 2017

Communiqué de presse de Dominique Bilde, Député européen, Conseiller régional de la région Grand Est, Secrétaire départemental du Front National de Meurthe-et-Moselle

Alors qu’au Parlement on débat de la forme juridique que doit prendre le Corps européen de solidarité en action depuis décembre 2016, on y voit un peu plus clair sur les intentions de la Commission européenne qui est à l’origine de ce nouveau programme.

Il s’agit avant tout d’une réponse au Brexit. Un membre ne veut plus faire partie de l’équipe ? Montrons à tous les jeunes (parce qu’ils sont l’avenir de l’Europe) que l’Union européenne c’est avant tout s’aider les uns les autres ! Pas certain que les Grecs en soient convaincus...

Et concrètement ? L’UE va subventionner des séjours de bénévolat, des stages et des emplois qui ont un lien avec la solidarité. Deux problèmes pointent alors le bout de leur nez. Premièrement, comment garantir pour ce qui est du bénévolat (situation précaire) que ce ne sont pas seulement les jeunes aisés qui pourront se permettre cette générosité ? Deuxièmement, comment s’assurer que ces emplois aidés ne profitent pas à des groupes privés peu scrupuleux ?

Plusieurs députés européens sont favorables à ce que le « volet emploi » soit abandonné, mais la Commission ne l’entend pas de cette oreille, car c’est un moyen pour elle de montrer qu’elle fait quelque chose contre le chômage des jeunes.

Si un jeune peut participer tant dans son pays que dans un autre État membre, le risque est donc grand que ce programme se résume à des jeunes aisés d’Europe du Nord se rendant en Europe du Sud ou de l’Est pour y faire de l’humanitaire tout en faisant du tourisme. Et lorsque le programme sera élargi aux pays tiers (si si !, ils le souhaitent), alors on verra des jeunes du Nord se rendre au Maghreb pour les mêmes raisons.

Le problème c’est que des ONG créées pour l’occasion s’en serviront pour faire du profit sans véritablement apporter une aide aux populations locales. On connaît déjà bien ce phénomène d’instrumentalisation de la bonne volonté des jeunes occidentaux. L’UE s’apprête donc à encourager le tourisme humanitaire et ses dérives via un nouveau programme, quand elle devrait surtout permettre à de vrais emplois de voir le jour. Que les jeunes Grecs patientent, de jeunes Allemands viendront bientôt leur tenir compagnie dans leur misère.

Dominique Bilde

Communiqué

27 octobre 2017

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