Le film « Sausage party » ne doit pas être montré aux enfants et aux adolescents

Collectif Culture Libertés et Création

Communiqué

07 décembre 2016

Communiqué de Presse du Collectif Culture, Libertés et Création (CLIC)

Dernièrement, le film « Ma vie de courgette » était finaliste du Prix LUX 2016, décerné par le Parlement européen et censé récompenser « le cinéma européen dans toute sa diversité ». Après les courgettes, qu’on calibre au millimètre près dans les règlements européens, voici que les saucisses se trouvent en haut de l’affiche…

Sausage Party est un film d’animation américain réalisé par Seth Rogen et Evan Goldberg, tous deux proches de Judd Apatow. Classé « R » aux Etats-Unis et interdit aux mineurs dans la majorité des pays du monde, il n’est pourtant interdit qu’aux moins de douze ans sous nos latitudes.

Si l’on en croit Chris Narbonne, critique de cinéma dans le magazine Première, nous devrions nous réjouir du progressisme de notre pays qui, en autorisant le film aux adolescents de plus de douze ans, n’a pas brisé dans l’oeuf le parcours commercial d’un projet au « caractère hyper déviant ». Sidérant. Dans un autre article du magazine, Edouard Orozco se fait moins catégorique, se demandant : « Un adolescent de 12 ans est-il en mesure d’apprécier les scènes explicites que contient le film, et notamment la partouze finale (on pourrait aussi parler des scènes de drogue) qui fait tant parler ? »

La « partouze finale » en question est d’une incroyable vulgarité, banalisant le sexe de groupe auprès du public le plus jeune. Il s’agit clairement d’une scène pornographique présentée dans un dessin animé au graphisme infantile. Quant aux dialogues, il sera plus correct de les taire…

Rien dans ce film n’est destiné aux mineurs. Pourquoi donc ne l’interdire qu’aux moins de douze ans ? Serait-ce une erreur du « Centre national du cinéma et de l’image animée » ? En effet, tous les films, français ou étrangers, doivent être présentés préalablement au comité de classification puis à la commission de classification qui les visionnent intégralement et collectivement, en vue d’une projection publique.

La décision est absolument incompréhensible.Avons-nous vu le même film que la commission de classification ? A-t-elle été abusée par le fait qu’il s’agisse d’un dessin animé ? Levons le doute, nous ne sommes pas animés par une volonté de censure mais nous considérons que les enfants doivent être protégés.

Précisons d’ailleurs que des films autrement moins choquants, et parfois beaucoup plus intelligents, ont pu être interdits aux moins de 16 ans ou aux moins de 18 ans par le passé. Les membres du CNC ignoreraient-ils la longue tradition du dessin animé pour adultes, des hentaïs japonais en passant par « Fritz the Cat » ou « Tarzoon, la honte de la jungle » qui n’ont jamais été conseillés aux mineurs ?

Cerise sur le gâteau, Cyril Hanouna double le personnage d’une chips à tortilla dans ce chef d’œuvre du septième art. Si prompt à donner des leçons aux électeurs de Donald Trump, l’animateur le mieux payé de France amènerait-il des enfants à une projection du film ?

Notons aussi que le scénariste Seth Rogen s’est ouvertement moqué des « French catholic » qui ont osé questionner la classification du film, ajoutant le cynisme à l’indécence. Seth Rogen se trompe : le film ne choque pas que les « French catholic », mais tous les Français qui ont encore un peu de bon sens.

Dominique Bilde – députée française au Parlement européen, membre de la commission culture

Gabriel Robin – Secrétaire général

Collectif Culture Libertés et Création

Communiqué

07 décembre 2016

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