Intervention de Michel Guiniot au Conseil régional de Picardie - Débat d'Orientation budgétaire

Michel Guiniot

29 novembre 2013

Intervention de Michel GUINIOT Au nom du groupe Front National

Monsieur le Président, Monsieur le Président du CESER, Chers Collègues,

63 pages pour si peu !

63 pages d’un langage de plus en plus technocratique, qui masque de moins en moins le vide qui se cache derrière les mots que le peuple n’emploie pas et dont vous vous servez pour tenter de lui faire croire que vous allez le soulager des maux dont il est accablé !

C’est la marque de la gouvernance de la gauche : dès que vous arrivez au pouvoir, vous ne parlez plus la même langue que le peuple, alors que durant les campagnes électorales vous avez utilisé les mots que le peuple voulait entendre.

A chaque fois que vous héritez du pouvoir, vous vous coupez du peuple, vous n’entendez plus le peuple, vous ne parlez plus comme le peuple, vous ne défendez plus le peuple, peut-être tout simplement parce que vous n’aimez pas le peuple !

Car comment expliquer autrement l’abysse qui sépare, encore une fois aujourd’hui, les élites dirigeantes actuelles du PS et le peuple.

Hier soir, le sondage Ifop/Valeurs actuelles, consacré au palmarès des Présidents de la Vème

République n’a trouvé que 2% des sondés pour se prononcer en faveur de votre Président de la République.

Alors plongeons-nous tout de même dans ce galimatias technocratique.

Dès la page 2, l’autosatisfaction et l’auto-encensement tournent à plein régime :

- Budget conforme à la stratégie de modération des dépenses de fonctionnement

- Budget qui continue à afficher l’inscription d’un haut niveau d’investissement

- Budget qui répond aux exigences de la situation économique

- Budget qui s’inscrit dans la continuité des priorités annoncées en début de mandat

Ça y est, on y est : voilà les priorités des priorités devenues prioritaires depuis plus de 10 ans ! Avec les résultats que l’on constate quotidiennement…

Parmi, ces priorités prioritaires que l’on nous ressert à chaque DOB, comme l’année précédente et comme l’année d’avant, on retrouve :

- « la priorité à l’emploi »

- « permettre à chaque jeune son entrée dans la vie »

- « bien vivre partout en Picardie »

- « poursuivre sur la voie de l’éco-développement »

Voilà lorsque vous avez dit cela, vous avez à peu près tout dit !

Quelques remarques tout de même aux détours des différents paragraphes :

L’emploi, priorité des priorités !

L’action du PS a si bien fonctionné que l’an dernier, lors du DOB, j’indiquais que la Picardie comptait fin octobre 2012, 155.405 chômeurs. Elle en compte 165.876 en catégorie A, B et C, aujourd’hui. Soit une progression de 6,74 % en un an, soit 10.471 chômeurs supplémentaires.

Si l’emploi n’était pas une priorité on peut légitimement se demander ce que cela serait !

Au 2 ème chapitre, permettre à chaque jeune de réussir son entrée dans la vie :

On y trouve les mêmes fadaises et les mêmes utopies que d’habitude, « ouverture sur le monde », « donner les mêmes chances de réussite à tous les jeunes Picards en ouvrant un micro lycée à Creil » (pourquoi à Creil ? Allez savoir pourquoi…).

L’objectif indiqué en page 14, c’est de faire retourner à l’école 50 élèves de 16 à 25 ans ayant quitté le système éducatif depuis environ 1 an.

A 25 ans, on va les remettre en 6 ème , c’est la France qui avance !

Un peu plus loin, c’est le centenaire de 14-18 qui va épanouir les jeunes avec des manifestations visant à placer l’engagement civique au service de la paix.

C’est beau comme du Baudelaire mais ça ne donne pas à manger tous les jours.

On pense à tout dans ce document !

Page 17, on apprend que l’on va réfléchir à la création d’espaces de restauration judicieusement aménagés. Pourquoi ce n’était pas le cas avant ? On ne mettait quand même pas le réfectoire dans les toilettes !

Ces espaces de restauration répondront aux attentes des jeunes avec des animations, des journées à thèmes et la découverte de nouvelles saveurs.

Page 22 : les fameux emplois d’avenir, qui ont été créés afin que François Hollande puisse faire le cake à la télé depuis hier soir !

D’ailleurs, il faut changer cette appellation puisque seulement 20% sont à durée indéterminée. Il faudrait les baptiser emplois artificiels d’avenir bouché !

Au sujet de la santé, dont chacun sait que l’offre est débordante en Picardie, il y est consacré 4 ou 5 lignes, cela a si peu d’importance que vous devriez faire disparaître la ligne budgétaire qui lui est dédiée.

Je rappelle que la Picardie est classée 22 ème sur 22 en ce domaine.

A la rubrique Sports, on ne veut pas fabriquer des champions mais plutôt faire des projets dans le cadre du pacte civique, fondement de la politique sportive régionale. On rêve !

En matière de logement et de transports et malgré les promesses d’un monde meilleur abondamment relayées par vous-même, on ne peut que constater que rien n’a changé au niveau des aides de l’État.

Dans ce contexte, il va bien falloir vous résoudre à admettre qu’il ne suffit pas d’accompagner la transition énergétique ou de s’appuyer sur les documents de planification urbaine ou même de territorialiser les aides régionales pour répondre aux problèmes de logement.

Il apparaît aujourd’hui de plus en plus que les outils utilisés par la région ou mis en œuvre par elle, ne sont plus adaptés et qu’il va falloir en rediscuter sérieusement.

Concernant l’offre de transport, si nous approuvons la nécessité de rester à offre constante, il ressort des réunions de comité d’étoile que les futurs services 2015 ne sont pas toujours adaptés à la demande des usagers.

Cela est particulièrement vrai sur le Y picard (Paris – Amiens et Paris – Saint-Quentin) et sur la vallée de la Marne.

Sur le le Y picard, il va bien falloir tôt ou tard revoir l’articulation entre les services TER et TET (trains Intercités) et ne pas simplement s’arquebouter sur le maintien d’un cadencement théorique qui consisterait à admettre de manière dogmatique que la demande serait systématiquement condamnée à s’adapter à l’offre.

Certains axes ferroviaires picards connaissent actuellement d’importantes dégradations des conditions de transport et de la ponctualité qui ne s’expliquent pas du fait des travaux en cours.

Sachant que les clauses de dédommagement prévues par la nouvelle convention n’entreront pas en vigueur avant le 1 er janvier 2014 (alors que les autres dispositions de la convention prennent effet rétroactivement à partir du 1 er janvier 2013), nous demandons à la région de faire pression sur la SNCF pour qu’elle consente à un geste commercial pour les axes les plus touchés.

Le projet de canal seine nord, la comédie reprend de plus belle à l’approche des scrutins municipaux. En attendant cette arlésienne les picards pourront faire du vélo grâce à la politique vélo qui ira jusqu’en juin 2014, heureusement que le conseil régional est là.

Politique de coopération avec le monde ça continue !

Bénin, Niger et Madagascar étant les 3 mamelles de cette politique, servant à voyager et à donner bonne conscience, qui coûte tout de même plus de 8.000 € par jour.

Politique agricole, on veut installer de nouveaux agriculteurs notamment en élevage et maraichage. Très bien, encore faudrait-il que les règles bruxelloises que l’UMPS vote là-bas ne les fassent pas crever ! Parlez-en aux bretons.

J’ai oublié la page 22 et son lot de nouvelles appellations bizarres : « le e-inclusion », « le télé-service citoyen », « l’informatique libre ». On n’y comprend rien, c’est certainement mieux comme ça !

Un tout petit mot sur la dette, elle a tout de même augmenté 153% entre 2007 et 2012. Une paille !

Il faut donc arriver à la page 47 pour entrer dans le monde réel et trouver un peu de vérité qui contredit votre vision de « la vie en rose » que vous voudriez vendre aux Picards.

Concernant la compétence économique :

- « les perspectives économiques à la fois mondiales, européennes, nationales et régionales sont loin d'être définitivement éclaircies ».

- « Croissance modérée au niveau mondial ? ». - « Regain d'activité menacé aux Etats-Unis ».

Page 50 :

- « L'Europe continue de susciter les inquiétudes tant elle tarde à renouer durablement avec la croissance. Il a fallu, en effet, attendre le deuxième trimestre de l'année 2013 pour que «l'Euroland » affiche de nouveau une croissance de son PIB (faible +0,3%) après six trimestres consécutifs de baisse (la plus longue période de récession de son histoire). »

- « Dans tous les cas de figure, la reprise apparaît trop lente et surtout pauvre en emplois pour dissiper totalement les inquiétudes qui pèsent encore sur la situation économique européenne. »

Page 51 :

- « Des doutes persistent en effet quant à la capacité de rebond à court terme de la Zone euro.

- On peut aboutir à une nouvelle estimation de la croissance du PIB français pour l'année prochaine de l'ordre de 1,3%. Cette « performance » sera-t-elle suffisante pour faire refluer le chômage ? On peut légitimement en douter. Il faudrait plutôt une croissance de l'ordre de 2,1% pour que le chômage baisse durablement en France.

- On peut estimer que les entreprises se trouveraient aujourd'hui en sureffectif d'environ 250.000 emplois »

Relativement à l'emploi, page 60 :

- « La tendance à la baisse de l'emploi régional en glissement annuel (-1,8%) est également plus accentuée que celle enregistrée au niveau national (-0,9%).

- Les effectifs du commerce sont eux aussi en repli en Picardie.

- L'emploi dans le secteur de la construction s'inscrit dans la même tendance régionale. »

Voilà la triste réalité, le constat d'une situation catastrophique pour ceux qui rament dès le 1er du mois, car au-delà des mots, ce sont des drames humains que des milliers de Picards vivent aujourd'hui !

En 2012, lors du Débat des Orientations Budgétaires, j'ai conclu en vous disant que cette crise contenait les ferments d'une révolution violente suscitée par le désespoir et l'absence d'avenir pour des millions de Français.

Vous êtes aveugles et sourds, le grondement du peuple amplifie de jour en jour. Vous ne voyez rien, vous n'entendez pas.

Les routiers, les artisans du bâtiment, les horticulteurs, les parents d'élèves, les maires ruraux, les agriculteurs, les auto-écoles, les buralistes et les fumeurs, les taxis, les usagers des transports en commun, les bonnets rouges et 75% du peuple de France, si l'on en croit les instituts de sondages.

Vous ne sentez pas les plaques tectoniques qui bougent et se soulèvent comme le fera prochainement le peuple, on peut tous espérer que cela ne se concrétise pas dans la rue et par la violence mais plutôt dans les urnes par le vote démocratique des Français lors des prochaines élections municipales et européennes.

Michel Guiniot

29 novembre 2013

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