Grèce : la liberté (Non) ou la mort (Oui) !

Collectif Marianne

03 juillet 2015

L’Eco avec Navarro ! La chronique économique hebdomadaire d’Aloïs Navarro

Le référendum grec annoncé par Alexis Tsipras a déclenché les foudres et l’éréthisme des dirigeants européistes qui ne rechignent jamais à afficher leur mépris pour le peuple. Martin Schulz, président du Parlement européen, à qui personne ne demandait son avis, a appelé à en finir avec « l’ère Syriza »pour les remplacer par un "gouvernement technocratique"... Il est désormais clair que le peuple agit comme la kryptonite sur les dirigeants européens. Ces satrapes pour le plupart non-élus etqualifiés de « rigolos » par Paul Krugman, font tomber leurs masques et révèlent la nature profondément antidémocratique, démophobe et même despotique de l’UE.

Même si la position de Tsipras apparaît incohérente puisqu’il se refuse à en finir avec la monnaie unique et veut persévérer dans cette zone euro intrinsèquement récessive, la décision de laisser au peuple le choix de savoir à quelle sauce il va être mangé est salutaire.

Les propositions des créanciers condamnent la Grèce

Et l’objet du vote n’est nullement une aide que les Grecs renâcleraient à accepter, comme le laissent entendre les Quatremer, Leparmentier et autres rentiers médiatiques de l’austérité. La contrepartie de cette maigre « aide » est une austérité inouïe après déjà 5 ans d’effondrement de l’économie.

Il s’agit d’augmenter les impôts ou de baisser les pensions de 8 milliards d’euros, soit 4,4 % du PIB grec. Rapporté à la France, c’est comme si on demandait aux Français d’accepter une augmentation des impôts et une baisse des retraiteséquivalentes à 88 milliards d’euros !

On est loin de l’obole, et on comprend l’agacement des Grecs qui subissent depuis 2010 une austérité toujours plus absurde. En réalité, de tous les peuples de la zone euro, ce sont les Grecs qui ont consenti le plus d’effort depuis le début de la crise : l’effort d’ajustement de leur déficit public structurel (hors conjoncture économique) a été de 8,3 points de PIB !

Pour arriver à un tel équilibre, le peuple grec a dû subir une chute de 25% de la production, de 40% des pensions de retraites moyennes (qui demeurent bien souvent le seul élément de redistribution interfamiliale), de 31% du revenu disponible des ménages et parallèlement, une hausse de 190% du chômage... Résultat : 45% des Grecs vivent en dessous du seuil de pauvreté de 2009.

Aucun économiste raisonnable ne peut soutenir le Oui

Face à cet ascétisme mortifère réclamé par les apprentis-sorciers européistes, plusieurs prix Nobel d’économie ou grands économistes se sont élevés pour s’indigner des propositions de l’UE et du FMI. Ainsi, Joseph Stiglitz ou encore Paul Krugman ont soutenu le Non en mettant en garde contre les propositions de ces créanciers qui ont « une responsabilité criminelle dans le chaos grec ». Patrick Artus, chef économiste de Natixis, résume parfaitement l’état d’esprit des économistes honnêtes et non idéologisés : « aucun économiste sérieux ne peut avaliser ce plan mal fichu et très déraisonnable. Demander à une économie en récession de 3 % à 4 % d’afficher un excédent budgétaire primaire de 1 %, c’est la condamner à ne pas se redresser ».

La sortie de l’euro est l’unique solution pour la Grèce...et pour toute l'Europe !

Et c’est ce à quoi la Grèce est vouée tant qu’elle restera dans l’euro. Seuls les esprits les plus corsetés peuvent considérer que l’adhésion de la Grèce à l’UE en 1981 lui a été formidablement bénéfique. La décennie qui a précédé son adhésion, la Grèce a connu une croissance moyenne de 5% par an. La décennie qui a suivi, la croissance ne fut que de 0,8% par an, soit 3 fois moins que les pays de la future zone euro ! Et depuis la création de l’euro, la croissance annuelle de la Grèce a été de -0,1%... Quelle réussite !

Dès lors, chacun sait que la dette grecque est insoutenable (elle devra continuer à rembourser jusqu’en 2057…) et qu’elle n’en remboursera jamais l’intégralité. Au lieu de se perdre dans des plans de renflouements coûteux pour le contribuable, français notamment, et dont le seul but fut de sauver les banques européennes (qui ont reçu 92% du montant de « l’aide »), la Grèce devrait retrouver sa monnaie nationale, dévaluer, et regagner immédiatement en compétitivité. Une solution pour la Grèce, comme pour l'ensemble des pays de la zone.

Ce référendum rend donc hommage à la devise grecque : « la Liberté (le Non) ou la mort (le Oui) » !

Aloïs Navarro est animateur du Collectif Marianne des étudiants patriotes

Collectif Marianne

03 juillet 2015

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