Hulot : derrière la démission, le message

Philippe Olivier

Tribune libre

29 août 2018

Tribune Philippe Olivier, Conseiller de Marine Le Pen

Comme un bonze qui s’immole en public pour faire entendre sa protestation, M. Hulot s’est livré en sacrifice. L’animateur de télévision qui s’était cru politique se sera consumé en direct sur les ondes de France inter.

Derrière le geste médiatique empreint d’émotion qui n’est pas sans panache mais qui dénote une naïveté touchante de la part d’un homme égaré dans la politique, il y a des paroles qui sont à la fois un témoignage et un aveu.

Qui gouverne ?

Le témoignage c’est celui de l’acteur qui nous révèle que derrière le rideau du grand théâtre d’ombres gouvernementales rôdent les « lobbyistes », ces lobbyistes dont on ne prononce jamais le nom mais qui en réalité écrivent le scénario des pièces.

De l’interview à France Inter, la presse retient généralement ce propos dans lequel notre Tintin globe-trotter, pourtant peu soupçonnable de complotisme, se lâche complètement:

« Cela va paraître anecdotique, mais pour moi c’était symptomatique et c’est probablement un élément qui a achevé de me convaincre que ça ne fonctionne pas comme ça devrait fonctionner. On avait une réunion sur la chasse avec une réforme qui peut être importante pour les chasseurs mais surtout la biodiversité. Mais j’ai découvert la présence d’un lobbyiste [Thierry Coste] qui n’était pas invité à cette réunion. C’est symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles du pouvoir. Il faut à un moment poser ce problème sur la table. »

Curieusement, la plupart des journalistes n’ont pas récupéré ce pavé déposé sur la table ni su percevoir le coup de marteau final de cette séquence «révélation ».

Avec courage, Hulot conclut sa séquence sur les lobbies avec une sentence en partie sous forme interrogative:

« Parce que c’est un problème de démocratie (sic): qui a le pouvoir ? qui gouverne ? (resic)

Cette question de la souveraineté démocratique qu’évoque Nicolas Hulot, c’est la question essentielle que nous ne cessons de poser, c’est celle que nous avons voulu mettre en avant lors de la dernière bataille présidentielle avec notre slogan : « au nom du peuple ! ».

L’aveu sur les dévastations planétaires du modèle mondialiste

L’autre propos saillant est tout aussi politiquement incorrect : le modèle économique que les gouvernements et les organisations internationales comme l’UE mettent en place est sans égard pour l’équilibre et la survie de la planète.

Nicolas Hulot explique qu’on « s’évertue à entretenir voire à ranimer un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres » et de citer en exemple ces grands ports de conteneurs qui au nom des traités fous de libre échange servent de base à l’asphyxie de la planète.

La mondialisation dont le libre change mondial constitue le principe fondateur conduit en pratique à produire un Chine, consommer en Europe et recycler en Inde. Les Traités de libre échange (Ceta, Tafta, Mercosur ...) imposés par l’UE sont la tragique application de cette absurde logique.

Le modèle écoresponsable pour lequel nous militons, vise, au contraire, à privilégier des circuits courts, des mécanismes écologiquement vertueux selon un principe simple : produire/ consommer/ recycler sur place. Les patriotes qui sont par essence partisans du localisme, ne sont pas seulement les véritables écologistes, ils sont aussi les garants de la sécurité notamment alimentaire des consommateurs.

Aveu d’impuissance certainement mais surtout aveu d’incohérence, de la part d’une personnalité médiatique qui aura finalement mis sa notoriété, son crédit et son énergie à promouvoir la société nomade d’Emmanuel Macron, sa vision financiariste de l’économie, son projet de marchandisation du monde. L’homme ne peut s’abriter derrière l’excuse facile de la naïveté qu’à condition qu’il ne s’entête pas à faire de ce président « planéticide », co-responsable de « la tragédie écologique » qu’il dénonce, un affectueux éloge.

Ne boudons pas notre plaisir et peut-être le bénéfice de voir conforter, une fois encore, la justesse de notre analyse de fond.

Pour nous qui sommes les tenants du local contre le global, nous qui combattons la corrosion individualiste et narcissique de cette société de surconsommation, nous qui savons que les nations constituent les écosystèmes des peuples et qu’à ce titre elles doivent être défendues, la voie ne fait aucun doute : ce n’est ni celle de la résignation et du fatalisme, ni celle de la révérence déplacée à l’égard d’un projet qui mène le monde à sa perte, c’est celle du combat avec Marine Le Pen au sein du Rassemblement National.

Philippe Olivier

Tribune libre

29 août 2018

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