Le bouquet de tulipes  de J. Koons : les fleurs de la décadence

Patricia Chagnon

Tribune libre

10 février 2018

Tribune de Patricia Chagnon, Conseillère régionale groupe Front National - Rassemblement Bleu Marine, Membre de la Commission permanente, Conseillère municipale d’Abbeville, Déléguée de la Communauté d’Agglomération Baie de Somme

Quand  l’homme préhistorique a pris un silex,  l’a taillé en biface, mais a décidé ensuite d’y ajouter des éléments purement décoratifs, il a créé le premier objet d’art.

L’œuvre d’art, au sens originel du terme, nait d’une transformation positive de la matière par l’artiste. L’objet ainsi créé a un caractère unique, lié à la singularité de celui qui l’a engendré. L’artiste est celui qui façonne  des œuvres, avec plus ou moins de maîtrise, de profondeur et de talent.  Si l’œuvre est réussie, elle peut se passer de discours explicatif, son mode de relation étant fondé sur la contemplation et la communion.

L’art préhistorique, l’art premier,  l’art sacré, l’art impressionniste ….  et même l’art moderne (abstrait ou figuratif) se rattachent,  à quelques très rares exceptions,  à cette définition du mot ART.

Avec l’émergence du terme  « art contemporain », deux nouveaux phénomènes se glissent insidieusement dans le monde de la création.

D’abord, en mêlant  « art » et « contemporain » on sous-entend qu’il s’agirait  d’une nouvelle forme d’art, tandis qu’il ne s’agit aucunement d’art, mais d’une pratique conceptuelle. On dévalorise  la main de l’homme jusqu’à son exclusion et on n’accorde aucune valeur au savoir-faire, à la recherche de l’harmonie et à la beauté.

Ensuite, à travers l’adjectif « contemporain » on annihile  le lien intrinsèque et millénaire entre l’artiste et son œuvre au profit du lien entre l’œuvre  et « le regardeur ».

Désormais, si  le « regardeur » reconnaît que c’est une œuvre d’art, c’est que l’œuvre est réussie.

Dans ce nouveau monde, les termes de peintre, de sculpteur ou de graveur font désormais référence à des métiers artisanaux, ne relevant plus de l’ART. Les artistes contemporains sont désormais plasticiens : vidéastes, designers, performers, photographes.

Et tout est permis au plasticien, car tout peut devenir ART !

(Extraits du livre " Sacré Art Contemporain " d'Aude de Kerros)

L’art contemporain au service d’une nouvelle vision du monde :

Afin de  compenser l’absence d’adhésion du public et pour imposer ce nouveau concept dans la société,  la mouvance de l’art contemporain va déployer des méthodes inédites pour sa promotion :

  • L’introduction dans la commande publique des œuvres d’Art contemporain et la mise en place du Fonds Régional d’Art Contemporain ( FRAC )
  • L’utilisation de lieux prestigieux, tout particulièrement des monuments historiques et / ou religieux,  pour leur servir d’écrin.

Abandonné depuis le début de la Troisième République, « l’Art d’Etat » refait son apparition en France. Cette fois-ci  pour se mettre au service d’une vision politique mondialiste.

A cela,  il convient d’ajouter la marque de fabrique de l’art contemporain : la provocation.

Tout le monde se souvient des polémiques créées par des œuvres d’art contemporaines, instrumentalisant le  blasphème avec « Piss Christ » d’Andres Serrano, ou en utilisant  des lieux hautement symboliques  pour imposer  le « Plug Anal » de Paul McCarthy  sur la Place Vendôme en 2014,  ou encore l’abject , « Le Vagin de la Reine » d’Anish Kapoor installé dans les Jardins de Versailles en 2015.

On impressionne le « regardeur » avec des œuvres présentées dans des écrins prestigieux, avec  des références historiques, culturelles et religieuses qu’on détourne de leur contexte normal.  On encourage le déracinement de ses repères.

On chuchote à son oreille qu’il est temps qu’il s’affranchisse, lui aussi,  de ces chaînes qui le maintiennent  dans le carcan dépassé de  sa culture, son pays et de ses repères.

On  complimente le « regardeur » pour avoir des sentiments devant les images choquantes, voire idiotes, et on le flatte, car désormais il fait partie d’une nouvelle communauté de « regardeurs ».

C’est lui le « regardeur » et avec lui des milliards de « regardeurs »  dans le monde entier qui font l’ART .

Le « regardeur » est l’enfant désiré issu du mariage consanguin entre l’art contemporain et la mondialisation

La rencontre entre l’Art contemporain et la Finance 

Une pièce d’art contemporain n’a aucune valeur intrinsèque et son prix dépend entièrement du réseau qui l’entoure qui va le créer artificiellement.  Pour lui donner sa valeur, elle est d’abord exposée dans des lieux prestigieux. Quelques pièces sont ensuite vendues à des prix exorbitants, qui feront la une des journaux du monde et seront largement relayés sur les réseaux sociaux.

Ils vont  intégrer des musées d’art moderne ou des collections privées.

Quelques  artistes contemporains multimillionnaires sont les vedettes de ce nouveau marché spéculatif qui a immédiatement attiré certains  nouveaux riches  milliardaires.

Jeff KOONS  est par exemple « l’artiste » favori de Bernard Madoff et la collection d’art moderne et contemporain de François Pinault, estimée à 1,4 milliard d’euros,  possède plusieurs  œuvres du même plasticien (extraits biographie J KOONS - Wikipédia).

Pour le « regardeur »  on sait lui vendre les multiples produits dérivés à portée de sa bourse,  qu’il arborera avec fierté pour montrer qu’il a réussi sa mutation vers son appartenance au nouveau monde … et pour alimenter le portefeuille de toute la chaîne du business de l’art contemporain…

Qui est Jeff KOONS ?

Jeff Koons est un plasticien américain. Né en 1955 à York il travaille dans sa jeunesse avec son père pour vendre des rubans et des dentelles. Après des études d’art, il s’installe à New-York et travaille comme responsable de guichet du Museum of Modern Art jusqu’en 1979  et bricole des expériences artistiques. Il va être repéré par le milieu des bourgeois-bohêmes du milieu artistique New-Yorkais.

Jeff Koons va mettre en œuvre sa stratégie de communication et  utilise démesure et  écrins illustres pour doter  ses œuvres,  dépourvues  de toute légitimité artistique,  d’une aura de prestige.

En 2008 et 2009 il va ajouter le prestige du Château de Versailles  à 13 œuvres qui sont installées dans  le décor baroque des Grands Appartements Royaux des Rois de France…  dont un homard suspendu dans le salon de Mars, un insipide bouquet de fleurs « très sexuelles et fertiles », un cœur suspendu, le « Hanging Heart » …

Et la formule  marche ! En  quelques années, il devient  l’égérie de l’art contemporain et  détient le record mondial de prix payé pour l’œuvre la plus chère jamais vendue par un artiste vivant.

Avec « Balloon Dog »  vendu 58,4 millions de dollars chez Christie’s le 12 novembre 2013, il impose non seulement ce record, mais  souligne  avec  la vente de cette représentation banale d’un chien géant  que l’art  contemporain dépend entièrement de sa promotion et représente un business model spéculatif très rentable pour certains (extraits biographie de Jeff Koons / BPA Histoire de l'Art).

« Le Bouquet de Tulipes »

 Au sommet de la pyramide de l’art contemporain se croisent  les élites de la mondialisation qui s’extasient devant une image du Christ dans un récipient rempli  d’urine et de sang et qui utilisent les hauts lieux  de notre histoire pour exposer ces objets conceptuels  et détournés, juste pour faire parler d’eux.

Ils déboursent des sommes délirantes pour maintenir la bulle spéculative du marché de l’art de la décadence qui promeut leur vision mondialiste à travers la planète entière, tout en leur assurant de confortables revenus assortis  de beaux bénéfices spéculatifs.

Sans cesse à la recherche de lieux prestigieux, de manifestations insolites, de ventes record  ou de provocations à retentissement mondial, ce petit monde de l’art contemporain cherche toujours des actions pour  inquiéter, brouiller et désorienter les « regardeurs » et créer le « buzz ».  Tout est bon, pourvu qu’on parle de leurs œuvres !

Mais avec  la proposition de Jeff Koons d’offrir à Paris son «  Bouquet de Tulipes » en mémoire aux victimes des attentats du 13 novembre 2015,  l’immoralité abjecte  de cette mouvance éclate au grand jour.  Sur l’autel de l’art contemporain, le plasticien a perdu son humanité et son geste atteste de l’insidieuse perversité que cette mouvance abrite.

Tout est bon pour faire parler de ces œuvres insipides, qui seules ne valent RIEN.

Quand on n’hésite même plus à exploiter les horreurs et les morts du terrorisme pour propulser ces œuvres  sans intérêt dans l’actualité, il n’y a plus de morale.

Si la science sans conscience n’est que ruine de l’âme, l’art de la décadence  sans conscience mène l’ART  à la ruine.

Patricia Chagnon

Conseillère régionale groupe Front National - Rassemblement Bleu Marine 

Membre de la Commission permanente

Conseillère municipale d’Abbeville

Déléguée de la Communauté d’Agglomération Baie de Somme

Patricia Chagnon

Tribune libre

10 février 2018

>