Le coup fatal porté au « miracle » français en sport

Aleksandar Nikolic

Tribune libre

21 septembre 2018

Tribune d’Aleksandar Nikolic, Délégué Départemental du Rassemblement National d’Eure-et-Loir et Coordinateur zone sud au service des Fédérations du Rassemblement National

Les Jeux Olympiques de Pyeongcheang, baromètre du sport de haut niveau !

Pyeongcheang, dimanche 25 février 2018, la dernière chance de médaille pour l’équipe de France s’évapore après l’épreuve de bobsleigh à quatre. Après avoir conjugué, pendant des années, travail et congés sans solde pour s’entraîner dans un bob qu’ils ont eux-mêmes financé, nos quatre amateurs tricolores terminent à la 11e place derrière dix équipes de bobeurs professionnels !

En short-track ou en patinage de vitesse, nos champions n’auront jamais pu rivaliser avec les professionnels néerlandais, coréens ou norvégiens pour s’emparer d’une des 66 médailles en jeu. Notre meilleur espoir Alexis Contin s’était pourtant donné les moyens de réussir en allant s’entraîner en Allemagne, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis… faute du moindre anneau de glace en France quand les Pays-Bas en possèdent 16 aux normes olympiques…

Depuis 30 ans, le bilan comptable des Jeux Olympiques est malgré tout honorable. 2018 ne déroge pas à la règle : la France est à la 9e place au tableau des médailles, au niveau de l’Autriche, mais loin, trop loin de la Norvège et de ses 5 millions d’habitants !

La disparition des CTS, la mort annoncée du sport français

Manque d’infrastructures, statut amateur de nos sportifs de haut niveau et pourtant la France se classe entre la 1re et la 10e place dans tous les sports ou presque, hiver comme été : c’est le miracle français, un miracle qui porte un nom : la formation !

La France n’a jamais eu de pétrole, mais elle avait des idées, le sport français n’a pas de moyens, mais il a des conseillers techniques sportifs (CTS). Ce sont les formateurs des entraîneurs et éducateurs français, les détecteurs de talents, les entraîneurs de nos meilleurs champions. Ils sont le moteur du sport français, des titres olympiques, des succès en sports collectifs… Beaucoup de pays nous les envient, ils pourront prochainement les recruter : le 1er ministre Edouard Philippe vient en effet d’annoncer la suppression de 1600 postes au Ministère des Sports d’ici à 2022… Très inquiétant avant les JO de Paris 2024 pour lesquels Emmanuel Macron a fixé un objectif de 80 médailles. En France, on a pris l’habitude d’avoir comme simple politique sportive, des messages de félicitations et des objectifs chiffrés lancés au détour d’une phrase. Le budget du Ministère des Sports s’effondre lui chaque année et ne pèse plus que 0,1 % du budget de l’Etat.

Soyons ambitieux pour le sport français

Accordons des contrats professionnels « sportifs de haut niveau » aux champions qui ont le talent pour incarner la France, bâtissons et rénovons des infrastructures, renforçons la formation et l’accompagnement des groupes « élite », nationalisons les

subventions aux associations sportives pour les accorder au mérite. Le sport français doit devenir une cause nationale, un facteur d’éducation, de santé, de lien social et de plaisir, mais également un élément de puissance et de valorisation de notre nation.

Aujourd’hui Usain Bolt ou Novak Djokovic font bien plus pour la représentation de leur pays que leur Premier ministre respectif ; Martin Fourcade ou Laure Manaudou incarnent plus la France qu’Edouard Philippe pour des centaines de millions de personnes à travers le monde.

Ne supportant pas l’humiliation que constituaient les échecs des Jeux Olympiques de Rome en 1960 et de Tokyo en 1964, le Général de Gaulle fit construire le centre d’entraînement en altitude le plus moderne au monde : Font-Romeu et créa surtout les conseillers techniques sportifs aujourd’hui menacés. Ils permirent à la France de passer d’un titre en 1964 à 7 titres en 1968. Le Général de Gaulle disait que « la politique la plus coûteuse, la plus ruineuse c’est d’être petit ». La saignée qui va s’abattre sur le ministère des Sports nous rendra petits alors qu’une politique sportive ambitieuse devrait nous amener à être un grand pays de sport et se rêver en grand pays tout court… La France ne peut être la France sans la grandeur, en sport comme dans tous les secteurs, soyons la France !

Aleksandar Nikolic

Tribune libre

21 septembre 2018

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