Nos banlieues à l’heure du choix

Jordan Bardella

31 mars 2016

Par Jordan Bardella, Conseiller régional d’Île-de-France, Président du Collectif Banlieues Patriotes

Quarante années de politique de la ville ont enfermé les banlieues françaises dans une relégation politique, sociale et culturelle. Depuis le plan « Habitat et vie sociale » de Giscard en 1977, près de 100 milliards d’euros ont été saupoudrés sur les banlieues au travers d’une politique de discrimination positive territoriale destinée à réduire les inégalités. À chaque crise ponctuelle fleurit un nouveau plan « Marshall ». Pourtant, les mêmes recettes aboutissent chaque fois aux mêmes échecs. Entre les opérations immobilières coûteuses, le clientélisme à gogo et les mécanismes d’insertion sociale qui n’ont jamais fonctionné, la politique des banlieues reste l’un des plus gros fiascos d’Etat des quatre dernières décennies.

Comme tout bras armé de l’idéologie dominante, la politique de la ville n’a jamais été remise en cause tandis qu’elle a aggravé les fractures qu’elle prétendait combattre. Les quartiers ayant bénéficié d’un arrosage massif d’argent public sont aujourd’hui les territoires les plus criminogènes de France. A cela s’ajoute le chômage de masse, un ascenseur social en panne, le communautarisme, mais aussi des régressions sanitaires et culturelles. En France, en 2016, dans nos quartiers, les droits des femmes les plus essentiels sont bafoués quotidiennement dans l’indifférence générale.

À quoi ont servi ces milliards d’euros d’argent public ? Personne n’est capable d’y répondre, pas même la Cour de comptes qui dresse en 2012 un bilan sévère de la politique de la ville, parlant d’une « machine sans compteur » dont « aucun document budgétaire ne permet de chiffrer l’effort ». Seuls certains élus savent où est parti l’argent, à l’image de Sylvie Andrieux (PS), condamnée pour avoir détourné les crédits de la politique de la ville pour subventionner des associations fictives. Combien d’autres sont-ils dans la classe politique française à avoir profiter de ce tonneau des danaïdes pour huiler leur machine à voter ?

A dire vrai, les gouvernements successifs n’ont jamais réellement voulu résoudre la question des banlieues, ces territoires demeurant en l’état un jouet médiatique sensible, capable de faire basculer une élection. Le karcher de Nicolas Sarkozy est resté à la cave et les millions d’emplois aidés de François Hollande n’auront jamais passés le périphérique. Par lâcheté et à coup de promesses électorales, les technocrates ont tout fait pour gagner du temps et garder les yeux fermés sur l’échec des politiques migratoires, utilisant le chéquier public pour apaiser la poudrière et financer une paix sociale artificielle.

Sur le terrain, les élus locaux n’ont plus d’autre choix que de se complaire avec les caïds et les autorités religieuses locales, qui se sont appropriés les missions politiques et culturelles que la République n’est plus en mesure d’assumer, faute d’autorité (et de volonté) suffisante.

Osons admettre que l’Etat est passé d’une culture de l’affrontement à celle de l’évitement et de la soumission. La peur des émeutes, la terreur des amalgames et le souci de ne pas froisser une clientèle électorale potentielle sont devenus les leitmotivs de l’inaction politique. En préférant l’anarchie à l’ordre, en renonçant à une politique d’assimilation exigeante, en poussant aux retranchements communautaires, les gouvernements successifs ont construit un barrage culturel entre la France et des centaines de quartiers. Il fallait être bien naïf pour croire que la rénovation urbaine serait la solution miracle…

Osons enfin admettre qu’il faut tout arrêter et tout reprendre à zéro. La désastreuse politique de la ville a perdu toute légitimé. L’Etat doit mettre un terme à sa logique de zonage inefficace et se redonner les moyens d’assurer ses missions régaliennes les plus essentielles.

Même si elle continue d’être défendue par nos élites, l’utopie d’une société multiculturelle parvient plus à masquer une réalité de plus en plus multiconflictuelle et violente. L’assimilation pleine et entière de nos compatriotes de banlieue à la Nation est la seule voie qui leur permettra de s’extraire des cases dans lesquelles les pouvoirs les assignent depuis quarante ans. Concrètement, nous leur disons que le renoncement volontaire à des mœurs et des modes de vie étrangers est le prix à payer de leur émancipation sociale.

Les banlieues incarnent la société française à l’heure du choix. Les réinstaller pleinement dans la Nation doit passer par l’adoption d’un nouveau pacte républicain, basé sur l’acceptation – par tous et partout – de nos valeurs et de nos modes de vie.

Notre devoir est de tendre la main à toutes celles et ceux qui aspirent à choisir la France comme projet, beaucoup y sont prêts. Le retour de ces quartiers vers la France doit désormais débuter. A contrario de cet esprit de concorde, il est impérieux d’affirmer que ceux qui feront le choix, sciemment et de plein gré, au nom d’un quelconque rigorisme religieux ou d’un quelconque héritage, de rompre avec la société française et de s’en exclure, devront être sondés sur leur volonté d’appartenir à notre Nation, et donc à demeurer sur notre territoire.

Jordan Bardella

31 mars 2016

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